Il peut paraître paradoxal de parler d’« organiser et planifier l’innovation » tant il semble que celle-ci relève de « l’idée lumineuse » d’un inventeur. Certes, l’innovation fait appel à la créativité mais dans l’entreprise high-tech B2B/B2G, comme dans d’autres secteurs d’ailleurs, elle n’a rien du concours Lépine!
L’innovation en entreprise
Ce qui définit une entreprise innovante, c’est sa capacité à offrir de nouvelles propositions de valeur qui réussissent sur leur marché, c’est à dire dont la « value for money » emporte la préférence des clients et du marché ciblé parce qu’elle est jugée supérieure, selon le cas, à l’offre précédente de l’entreprise elle-même, à celle des concurrents ou même parfois à l’option pour le client de « faire lui-même ».
Il en résulte qu’une innovation peut-être parfaitement réussie au plan technique mais s’avérer un échec sur le marché pour cause de « value for money » insuffisante.
Pour innover, l’entreprise peut proposer des produits innovants sur la base de technologies elles-mêmes innovantes mais elle peut également le faire sur la base de technologies existantes. Elle peut aussi proposer de nouveaux services ou un nouveau modèle de transaction.
Toutes les capacités et activités successives conduisant à l’innovation réussie doivent être organisées et reposer sur des process, c’est à dire que l’entreprise doit décider de la manière dont elles seront conduites et de comment les décisions seront prises. Elles doivent bien sûr également être financées et des arbitrages doivent avoir lieu à la fois sur les projets d’innovation à engager et sur la manière de les soutenir au fil du temps ou éventuellement de les interrompre s’ils s’avèrent conduire à une impasse technique ou économique
Les facteurs favorisant l’innovation
De quels facteurs dépend alors la capacité d’innovation d’une entreprise?
On peut citer quelques capacités collectives clefs de l’entreprise, ici encore, sans prétendre être exhaustif ni ordre d’importance puisque toutes ces activités dépendent les unes des autres dans une logique séquentielle ou itérative:
- Générer des idées d’innovation
- Sélectionner les idées: méritant d’être explorées, compatibles avec le budget existant ou prévisible, pouvant aboutir à un lancement effectif de nouveau produit, susceptibles d’aboutir dans un time to market acceptable, présentant des chances suffisantes de l’emporter sur la concurrence
- Maturer et « incuber » les idées sélectionnées
- Tester des idées de nouveaux business, de nouveaux produits
- Imaginer et tester des propositions de valeur
- Dérisquer techniquement et économiquement
- Prototyper ou développer des MVP (minimum viable products)
- Conduire les développements techniques
- Préparer les lancements commerciaux
A ces capacités collectives peuvent venir s’ajouter ou se substituer celles nécessaires pour codévelopper des produits ou services innovants avec les clients. On ne les détaillera pas ici mais on peut citer à titre d’exemple la capacité à faire cofinancer des produits au fil de projets successifs ou la capacité à négocier et défendre les droits de propriété intellectuelle
La capacité à innover est une capacité collective
Cela veut dire qu’elle demande à la fois des process et que soit présente une « culture de l’innovation ».
Cette culture partagée de l’innovation se caractérise par exemple par:
- La volonté affichée par le top management de développer et maintenir cette culture d’innovation
- La préoccupation constante de prévenir les disruptions, de ne jamais considérer aucune position comme acquise
- La même préoccupation de saisir toutes les opportunités possibles de provoquer des disruptions à son profit
- Le courage d’abandonner certaines idées ou projets et de concentrer les investissements sur d’autres
- La reconnaissance du droit à l’erreur car tous les projets ne déboucheront pas sur des produits profitables
- L’alignement et la coopération efficace de toutes les équipes impliquées dans l’innovation, que ces équipes soient techniques, commerciales, marketing ou business development